Vous n’avez pas pu la manquer, la grande halle sur la place de la Maison de Pays, avec ses 600 mètres carrés.
On nous a beaucoup demandé à quoi elle allait servir. En effet, à quoi peut bien servir une halle ?
A priori, une halle sert à abriter un marché. N’importe quel marché. Aux bestiaux, aux puces, aux légumes, aux fleurs, aux poissons… Une halle est en somme un marché couvert. Couvert pour s’abriter des intempéries.
Les halles ont leur origine dans les galeries qui entouraient le forum des villes romaines, et sous lesquelles s'abritaient des boutiques. On trouve des vestiges romains et sous Louis VI le Gros, Paris comptait déjà plusieurs « halles aux draps ».
Parfois les halles font corps avec les beffrois. Elles se composent généralement d’un toit porté sur piliers ou sur arcades. Le style architectural local, généré par le climat et les matériaux régionaux, leur donne une allure plus ou moins pentue, des piliers de pierre ou des charpentes élaborées. Certains architectes, jouant des matières et du Nombre d'Or, vont concevoir de superbes constructions.
Les halles d'importance sont complètement fermées, très hautes, car des galeries marchandes et des locaux de stockage sont installés sur des mezzanines intérieures. C’est le cas des villes dont les échanges commerciaux sont la principale activité. Effectivement, une halle dans une ville qui n'exercerait aucun commerce serait simplement dépourvue de sens.
C’est bien agréable les marchés. Le problème en Provence n’est pas la pluie, pas vraiment, ce serait plutôt Pierrot le Mistral. Il est terrible ce Pierrot, il commence par énerver tout le monde, soulève la poussière et les jupes des femmes, assèche les bouches, renverse tout sur son passage, et fait baisser de plusieurs degrés les températures les plus estivales. Comment s’en protéger ?
Dans un village provençal implanté depuis longtemps, on observe que les rues sont étroites et tortueuses. Etroites à cause du soleil, tortueuses pour « casser » le Mistral. Pour se protéger du vent, rien de tel… qu’un mur ! Les marchés auront donc lieu dans le centre du village, sur la grand’place où trônent les maisons bourgeoises des nantis locaux, maisons hautes de plusieurs étages. Les places de marchés sont généralement pavées, ce qui permet d’entretenir une propreté relative. Imaginez la poussière soulevée par Pierrot se déposant sur les fromages, les fleurs, les étoffes précieuses et j’en passe. La poussière n’a droit de cité que lorsqu’elle revêt une bonne bouteille. Qui aurait envie d’acheter un rôti tout poudreux ?
Ce n’est pas habituel de voir une halle en Provence, surtout dans un village. Dans les régions plus septentrionales de France, il est moins rare d’en rencontrer au sein de petits bourgs. Leur surface est proportionnelle à l’importance de la cité et de son marché.
Par chez nous, un généreux soleil nous permet de nous passer de toiture : une toile rayée suffit. Oui, je pense au marché « aux fleurs » du cours Saleya à Nice, ville il est vrai dépourvue de mistral. Et pour ce qui est du vent d'est, le cours Saleya est mieux que fermé.
On trouve en Provence quelques grandes halles, dans les villes d’importance (Beaucaire, Aix-en-Provence ou Toulon) car leur situation géographique en faisait des plate-formes commerciales. Mais les villages de Provence en sont généralement dépourvus, l’importance et la fréquence des marchés ne justifiant pas l’installation d’une construction aussi spécifique.
Depuis quelques années, notre village tente l'exception sur bien des points. Réussira-t-il son pari concernant les marchés, notre Plan d'Aups n'étant pas un carrefour commercial, loin s'en faut, au vu de sa situation géographique et de son histoire. Car il conviendrait de rentabiliser la dépense occasionnée, la valeur de la halle étant évaluée à 600 000 €.
Plume d'Oie
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