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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 20:48

Pie Bavarde a du mal à se souvenir exactement, mais enfant, elle venait randonner dans la Sainte Baume, et des images de grottes sont restées gravées dans sa mémoire.

« La grotte des Infernets, la grotte des Morts, tu connais ? »


Oui je connais, mais assez vaguement, les Infernets ce n’est pas un vallon que j’ai beaucoup exploré. Mais j’y retournerais bien. Mardi matin ? Le but de la balade sera de revoir ces grottes.


Nous voilà parties en direction d’Auriol, les garçons et les filles joyeusement bruyants entassés à l’arrière de la grande voiture avec les sacs à dos remplis de cordes et autres lampes frontales. Personne n’a oublié son chapeau ? Ses lunettes de soleil ? Je me souviens que le sentier est étroit et bordé d’argéras et de chêne kermès, le pantalon est recommandé.


Tiens il y a un parking tout neuf aux Encanaux ; il y a longtemps que je n’étais plus venue. Le sentier tout de suite à droite sur le "vieux" parking, une petite montée et nous voilà déjà arrivés à la glacière. Elle n’a pas l’importance de celle, superbe, de Pivaut. Mais intéressante tout de même.


On continue à grimper et Pie Bavarde lit les indications relevées sur Internet « Une montée ??? Bon, je crois qu’on y est. Jusqu’à un cairn sur un méplat. » A la recherche du cairn, nous partons vers l’est et j’aperçois le chemin qui mène dans le vallon des Encanaux. On s’est trompées, il fallait tourner avant. T’es sûre ? Oui, faut qu’on commence par passer la ligne de crête d’est en ouest. Pie Bavarde n’est pas convaincue. Le nez sur la carte IGN, on cherche à identifier le sentier. Sur le papier, on n’en distingue qu’un seul, mais dans la réalité, c’est une multitude de drailles qui partent dans tous les sens. Laquelle choisir ? Elle sera de toute façon sur notre droite, et ça va obligatoirement grimper dur. Après beaucoup d’interrogations, nous finissons par nous référer à cet instrument exceptionnel, magique et omniprésent, j’ai nommé le pifomètre.

 


Un bon quart d’heure de grimpette, et voilà le méplat et son cairn, nous sommes dans la bonne direction. On s’assied un petit moment sur les grandes dalles de calcaire gris, les enfants criant grâce. Vue directe sur le vallon de Daurengue.

Les petits mollets de nouveau d’attaque, on passe la ligne de crête, les quatre juniors devant, et le défi est lancé : le premier qui trouve l’abri du Figuier. Clair de Lune passe devant, la crapahute est une seconde nature chez lui. « Si ce que vous cherchez c’est un trou dans la roche, alors je crois que j’ai trouvé. » C’est quand même un joli trou, j’ai visité des studios plus petits que ça…


La grotte suivante est celle des Infernets, beaucoup plus profonde, plus large et plus vaste. Elle descend en pente glissante dans le cœur de la colline. Nous nous équipons de lampes frontales et descendons visiter les salles. Dans l’une, tout au fond trône… un canapé. Nous imaginons en riant ceux qui ont transporté cet objet lourd et encombrant jusqu’au fond de cette grotte. Il y a des restes de bougies et des inscriptions sur les parois. Une gravure à l’entrée nous indique un passage d’excursionnistes il y a …100 ans.


Rayon de Soleil et Choupette explorent chaque recoin de la grotte. J’explique à Choupinette que les stalacTites Tombent et les stalagMites Montent. Et je lui répète les paroles de Fred entendues dans l’aven du Plan des Vaches : ne pas toucher à la goutte d’eau. Elle hoche une petite tête aux grands yeux convaincus.


Pause pique-nique au frais à l’entrée de la grotte avant de chercher la grotte des Morts. Nous ne marchons pas longtemps avant de repérer une inscription sur la roche à droite du sentier. C’est là qu’il faut grimper dans la rocaille avant d’y parvenir. Un long boyau s’enfonce dans la roche. On ne peut l’emprunter qu’à quatre pattes, un seul de front. Des inscriptions sur les parois, beaucoup de très petits papillons beiges au plafond, une chauve-souris au fond. « Pourquoi la grotte des Morts ? » demande Choupette. On y a trouvé des ossements, voilà pourquoi on l'appelle comme ça.


Une toute petite pluie très fine nous accueille à la sortie, mais nous décidons de continuer la boucle dans le vallon. Le sentier n’est pas des plus confortables, les végétaux locaux sont pour le moins inhospitaliers. Choupinette qui est à hauteur inconfortable a besoin d’encouragements avant d’arriver au bas du vallon. La végétation s’éclaircit à la birfurcation entre le sentier qui remonte vers la Coutronne et celui à gauche qui descend le vallon des Infernets pour rejoindre celui des Encanaux. En chemin nous avons observé une multitude de trous dans la roche, qui présagent d’autres grottes à explorer. Mais la plupart ne seraient accessibles qu’en rappel.

Il y a des arbousiers, on remarque des figuiers dans le lit du ruisseau à sec, je repère même une vigne. Comment est-elle arrivée là ?


La petite pluie fine se remet à tomber, et nous accélérons le pas. On court presque en passant devant l’aire de fitness. La pluie s’arrête et on fait une jolie pause au bord du ruisseau aux petits poissons avant de rejoindre la voiture. D’ailleurs c’est presque l’heure de goûter.

 


La balade était bien agréable, pas trop difficile pour des enfants de 7 à 14 ans. Le paysage est superbe tout au long des vallons empruntés, et si l’on choisit la bonne saison, on peut revenir avec un petit panier d’arbouses !

 

Plume d'Oie

 

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 08:00

chemin-de-roys-1w

chemin-de-roys-2w

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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 06:00

Que diriez-vous d'une balade en âne, près de chez vous ?

C'est possible grâce à Balalin Balal'âne au Plan d'Aups Sainte Baume.

 

Les enfants ont du mal à marcher ? Vous ne connaissez pas bien les balades au Plan d'Aups ?

Vous pouvez louer un âne à l'après-midi ou bien la journée, vous choisissez votre itinéraire avec Michel Lasina (accompagnateur en montagne) en fonction du temps de marche que vous souhaitez effectuer, de la météo, de vos envies. Michel vous remet une carte IGN avec le plan et c'est parti !

 

2011-michel

 

Les enfants montent sur l'âne, le pique nique, l'eau est prise en charge dans les sacoches de l'âne et c'est un moment de marche agréable qui vous attend ! Ne pas oublier les carottes pour votre compagnon de route !

 

Profitez des belles journées de printemps avec un soleil qui ne cogne encore pas trop !

 

Je vous laisse l'adresse du site Internet :

http://balalin.balalane.free.fr

 

http://balalin.balalane.free.fr/images_template/img-index.jpg

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 08:00

Septembre 2010

 

Il est encore tôt, Pierrot le Mistral fait le ménage dans le ciel lorsque je rejoins Jean-Louis au bar de la Mairie pour un café rituel. « On y va ? »

 

Le 4x4 garé sous un chêne vert, nous voilà partis sur la piste de Taillane. Ca grimpe, on attaque la côte un peu trop vite, les cailloux roulent sous mes semelles, et le vent me gèle le nez. En cheminant, Jean-Louis me raconte Meynarguettes.


 

 

 

Meynarguettes est un village de la Sainte Baume, abandonné depuis 1839. Il sera rattaché à la commune de Mazaugues. Meynarguettes a été pratiquement ruinée au cours des guerres de religion à l’époque de Henri III, vous savez ce roi poignardé par un moine dominicain alors qu’il siégeait sur sa chaise percée. Malgré la mise à sac du village, son activité avait repris et s’était prolongée jusqu’à la Révolution.

Jean-Louis s’arrête au milieu de la piste, jette un coup d’œil sur sa droite : « C’est par là ». Par là ? Il n’y a pas l’ombre d’une draille. Levant haut les pieds, il s’engage dans les herbes au milieu du fouillis de chênes et se retourne. Le sourcil et l’index levé il me dit gravement, en détachant ses mots : « Faut chercher les pîtes rouges » et me désigne un point sur l’écorce d’un pin sylvestre.

 

En crapahutant à travers les arbres rabougris et les rochers couverts de mousse je demande : « C’est en haut ? »

« Oui ... »

« On peut parler de site défensif alors ? »

« Ah ça oui, on peut…  C’était une forte position qui commandait le passage Nord-Sud. » Jean-Louis poursuit son explication en même temps que sa quête de « pîtes rouges ». Les protestants, les catholiques en guerre, le duc d’Epernon qui utilisa la tour des Sarrazins avant l’assaut de Meynarguettes, alors chef-lieu de commune, le château Delestang, la glace vendue 8,50 francs en   1890 à Marseille, et les ouvriers payés 3 francs pour une journée de travail.

 

 « Tiens, regarde, là il y a un beau point de vue ». On est presque en haut. Je suis un peu essoufflée, l’arrêt est le bienvenu.

Je continue à suivre Jean-Louis en le bombardant de questions, lorsque soudain, s’interrompant au beau milieu d’une phrase et presque théâtral, il se retourne avec un geste ample : « Meynarguettes ».

 

Derrière lui, à travers les chênes, je devine un mur haut de plusieurs mètres percé de meurtrières. Adossé à la roche, son appareillage simple n’a visiblement pas été exécuté par des tailleurs de pierre. Elles ont été posées telles quelles, sans doute par des paysans. Je me demande de quoi est fait le ciment qui joint chaque pierre. « On appelle ça le mortier d’hirondelle. » Un tuf, arène granitique plus ou moins argileux, mouillé et appliqué entre les moëllons en guise de liant. Il ne servait pas à assurer la solidité d’une construction mais plutôt à colmater les vides entre les pierres. Ce procédé était utilisé bien avant l’arrivée de la chaux et ne l’est plus du tout de nos jours, on comprend aisément pourquoi en regardant l’état des vieilles bâtisses.

 

Meynarguettes-retouché-webUn croquis exécuté par Jean-Louis représentant une arche double me revient en mémoire. « Elle est plus loin, mais la partie supérieure s’est effondrée, tu vas voir. » Nous grimpons tout en haut, en examinant au passage les pans de murs de pierre grise, où le lichen a posé ses touches dorées.

 

 

L’arche ne laisse pas de m’intriguer. D’un côté, on imagine facilement l’intérieur d’une bergerie, mais l’autre donne sur un à-pic. A quoi servait-elle donc, si ce n’était pas une porte ? A moins que certains éléments de bois aient disparu avec le temps. Nous supputons en descendant la pente sud, et je me rends compte que depuis notre arrivée on ne sent plus du tout le vent, même à l’instant où nous étions au sommet. Les Anciens avaient bien choisi leur colline.

  Le croquis de Jean-Louis, daté de Mars 1978

J’ai entendu dire qu’il y avait une chapelle. Jean-Louis est dubitatif. « Mmoui, plus bas. » Plus bas c’est surprenant. Habituellement une chapelle, ça se construit tout en haut. La ruine qu’il me désigne est bien mal orientée pour une chapelle. Car depuis les origines, tout édifice chrétien digne de ce nom se doit d’être orienté vers le levant. Perplexe, j’examine les pans de murs envahis de lierre, qui menacent de s’effondrer. « Tu ne m’avais pas parlé d’une cuve baptismale ? »

 

 


 

« On en a trouvé une, mais elle a été déménagée à Font Frège, je crois Ou à la Garnière, je ne sais pas bien. » J’essaie de me représenter le déménagement d’une pareille masse à travers les chênes verts. « Les marches de Pivaut viennent aussi de l’ancienne église » me précise Jean-Louis souriant qui a dû deviner à quoi je pense.

 

Bon, cette église qui devait être une habitation, ces longs pans de mur, comment était la vie ici il y a deux siècles ? J’essaie de faire abstraction de l’envahissante végétation pour en reconstituer l’ordonnancement. Où étaient les rues ? Je devine des maisons d’habitation, mais ces grands pans de mur ? Pas de restes de tuiles par terre, de quoi étaient faites les toitures ? Comment se déroulait le quotidien de la cinquantaine d’habitants qui peuplaient le village ? Manifestement Jean-Louis partage mon goût pour imaginer la vie de nos ancêtres pas si lointains, et nous nous interrogeons devant chaque restant de mur moussu.

 

« Tu sais, on décrit toujours Meynarguettes comme un village de glaciers, mais il existait longtemps avant l’époque des glaciers. Les habitants devaient bien vivre de quelque chose. »

Tiens oui, de quoi pouvaient-ils donc vivre, ces autochtones perdus au milieu du nulle part du massif d’Agnis ?

Jean-Louis pense aux élevages ovins et caprins. Il est vrai que l’on n’imagine pas la Sainte Baume comme un territoire agricole. A part des pois chiches, je ne vois pas bien ce que l’on peut  cultiver sur cette terre maigre. Quelques champs de blé dans les fonds de combe où la terre s’est accumulée, mais en haut d’une colline pleine de cailloux ? Ces longs murs éboulés sont sans doute les restes des bergeries. De grandes bergeries.

 

Sur le chemin du retour Jean-Louis égrène l’historique de Meynarguettes et regrette à voix haute de n’en connaître qu’une partie : la dernière. Mais il ne reste que peu d’écrits, et il est bien difficile d’y accéder. Alors vous devinez, je me mets à chercher sur Internet, et à ma grande surprise, on trouve des traces de Meynarguettes depuis l’An Mil ! Quelques sites s’intéressent au sujet, notamment celui qui s’emploie, virtuellement, à faire revivre le village (Ici). J’ai plongé avec plaisir dans mes bouquins d’Histoire de France, histoire de remettre ces évènements dans leur contexte national, et régional, puisque la Provence fait partie de la France depuis une époque relativement récente.

 

Voici ce que j’ai pu glaner, en essayant de ne pas être trop barbante, pour ceux que l’Histoire, et les histoires passionnent. Ici.

 

Plume d'Oie

 

 

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 08:00

Bonjour,

 

j'organise une randonnée samedi 22 mai sur le Plan des Vaches: thèmes botanique et entomologie.

 

Cette sortie est proposée également par Découverte Sainte-baume écomusée territoire, mais elle est ouverte à tous!

 

Pour y participer, c'est gratuit. Il faut juste des chaussures et un pique-nique.

 

Et surtout me confirmer toute participation par mail à jjsan@free.fr (le rendez vous sera à 10h devant la mairie du plan d'aups)

 

 Cordialement

 

Jean Jacques Salone

 

http://a33.idata.over-blog.com/3/16/80/14/Paperasses/le-plan-des-vaches-V2.jpg

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 16:38

La première fois que j’ai vu le « lac temporaire » de la Tourne, c’était… au bar de la Mairie. Sur une photo accrochée au manteau de la cheminée.

Je me suis étonnée ; je reconnaissais bien le paysage en arrière-plan, mais je ne me souvenais pas y avoir vu une pareille pièce d’eau. Dans ma mémoire estivale, il s’agissait d’un désert sec.


La tourne automne
Photo Hervé Duclos


On m’a expliqué le lac temporaire, en illustrant le propos d’anecdotes qui parlaient de canots à moteur, j’écoutais en imaginant des parties de ski nautique…


J’étais très intriguée, et « chance » pour moi, mon premier hiver au Plan a été particulièrement pluvieux. Le pluviomètre a vu l’eau chaque jour du mois de Novembre cette année-là. Alors je suis allée voir la Tourne. J’ai été impressionnée par la surface du « lac temporaire ».

 

Tourne-positiondes-pertes

 

J’y suis retournée en été, lorsque la terre est bien sèche, dans l’intention d’y descendre. Hélas, trop touffu, trop épineux, trop escarpé. Un parfum de mystère et de danger ; je me voyais happée par ce trou sombre et insolite. Bien m’en a pris, l’endroit est mieux que risqué. En effet, la végétation en décomposition entraînée par l’eau dégage du CO2, il serait vraiment dangereux de descendre, surtout en hiver ou après la pluie.  


J’ai longtemps imaginé qu’il s’agissait d’une résurgence, mais c’est un peu le contraire. En langage technique on appelle ça une « perte », ou un « ponor ». L’eau s’écoule lentement dans les profondeurs de la Sainte Baume. Lentement car les « Tourne », la grande et la petite, sont plutôt étroites pour drainer autant d’eau.

Entree-petite-tourne

Le massif et le plateau ont la forme d’une gouttière fermée à chaque extrémité, comme pour piéger l’eau de pluie. Leurs couches sont plus ou moins perméables jusqu’à atteindre celle qui est étanche et suit la même forme. Et c’est bien que l’eau s’écoule doucement. Elle va s’infiltrer de façon quasi verticale, et lorsqu’elle atteindra la couche imperméable elle va partir horizontalement entre les strates. Et c’est ainsi que naissent les sources… Ce bon usage de la lenteur permet à la grande nappe souterraine, et aux micro-poches d’eau situées sous la hêtraie de s’alimenter pleinement, pour pouvoir ensuite, en période estivale, restituer toute cette eau aux arbres, et pas seulement aux arbres.

 

Entrée de la "Petite Tourne"


Les anciens des villages « d’en bas » avaient bien repéré le phénomène, et savaient que si la Tourne s’était remplie trois fois au cours de l’hiver, ils n’avaient pas à craindre que les sources se tarissent.

 

relation-tourne-castelette


Coupe relation Tourne/Castelette


Il n’y a plus de saisons, ma bonne dame, et tout le monde l’a remarqué. Dans les années 50, le niveau des précipitations sur le plateau atteignait les 1500 mm par an. En 2006, il n’est tombé que 612 mm. Depuis deux ans, la tendance se rétablit, puisqu’il est tombé en 2008 et en 2009 aux alentours de 1100 mm. Mais nos hêtres ont souffert, beaucoup sont morts.


En effet, les arbres ont besoin de cette manne. L’évapotranspiration naturelle du massif ne suffirait pas à elle seule à maintenir notre forêt vivante. Surtout avec de telles essences. Souvenez-vous, nous sommes en Provence, la présence d’espèces comme le hêtre, l’if, le houx ou encore l’érable et le cornouiller est exceptionnelle. On a plutôt l’habitude de voir ici des arbustes du pays de la soif (chênes verts, cades, rhamnus et autres pins).


Voilà comment notre vénérable hêtraie a survécu sous un soleil de plomb depuis 10 000 ans.


Evidemment, le ski nautique et la pêche à la ligne sur la Tourne restent hypothétiques et aléatoires. Mais elle nous offre en hiver un spectacle étrange et beau. En effet, lorsqu’elle se remplit d’eau et qu’il gèle, elle se couvre de glace comme n’importe quel plan d’eau. Sauf qu’elle ne ressemble pas aux autres plans d’eau puisqu’elle se vide tout doucement par son fond. Les plaques de glace restent alors accrochées aux arbres, parfois à plusieurs mètres de hauteur et le froid sculpte ses formes géométriques tout autour des végétaux. 

 

Tourne gelée

Photo Fred


Chaussez donc vos bottes, les alentours sont très humides, et c’est l’un des rares coins de notre commune où il y ait de la terre ! Alors gare à la gadoue ! Et n’oubliez pas  votre appareil photo ou votre carnet de croquis. Ou simplement vos yeux.

 

Bonne Tourne !



Merci à Fred pour toute la doc, les croquis, les coupes, les chiffres, les liens sur des sites géologiques, et les photos.

Merci à Hervé pour sa vision artistique de la Tourne.

 

Plume d'Oie


 

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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 13:40

« Ben j’avais envie de descendre dans l’aven du Plan des Vaches cet après-midi. Si t’as du temps ? » me dit Fred l’autre matin.

Depuis que j’ai envie d’aller voir ce qui se passe là-dedans et que je n’ose pas toute seule…


Alors je prépare mon sac à dos. N’oublions rien, la lampe, la petite bouteille d’eau, un paquet de mouchoirs, mon couteau pointu est là, mais qui m’a soufflé mon sifflet ? Encore un coup de Rayon de Soleil… Le treillis, le gros pull, l’écharpe, les mitaines, EOS1000D et deux objectifs, le 55 et le 300. Je me sens une vraie randonneuse, là…

A l’heure et au lieu dits, voilà Fred coiffé de son bonnet rouge de commandant Cousteau. Je monte dans sa voiture, un objet est posé par terre : « tiens, un pied photo… »

 

En cheminant, on parle de la géologie du massif, parce que je me demande ce que c'est que ce poudingue en dessous le long du chemin qui longe la source de Ducros. Fred m’explique le Plan des Vaches, qui était autrefois plus haut de 400 mètres et par là la partie émergeante de la Sainte Baume.  Ca s'étendait assez loin, me dit-il, on en trouve du côté de Trets. Je lui demande si des légendes de sorcières ont couru à propos de ce plateau. « J'en connais pas ». La déformation du nom doit donc faire date. Car « Plan des Vaches » serait une déformation de « Plan des Masc ». Une masc étant une sorcière en patois provençal. Je suis déçue, j’aurais bien imaginé des histoires fantastiques avec des envolées sur des balais. Le décor s’y prête bien, dédale de sentiers au milieu de pierres blanches dressées, un vent de furieux qui souffle presque en permanence...



On arrive au bord de l’aven. Il n’est pas tellement large, on pourrait passer tout près sans se rendre compte de sa présence. Fred se débarrasse de son grand sac à dos, et j’entrevois toute une panoplie qui n’a rien à voir avec mon sifflet et mon couteau pointu. Il en extrait deux casques de spéléo et une corde, puis entreprend de chercher un point d’ancrage.

 

Le bonnet de Clair de Lune enfoncé jusqu'aux yeux, je regarde le paysage venté, et je pense inévitablement à la station photovoltaïque. Fred doit penser à la même chose. Et tout en préparant la corde, il évoque un problème auquel je n’avais pas pensé : celui de l’évacuation des eaux de pluie. « Tu sais le sol deviendrait imperméable, et il faudrait faire ruisseler l’eau jusqu’au bord du plateau. Alors vers l’est, vers l’ouest ? Comment ? » J’imagine le torrent généré s’échapper en cascade du haut de la barre rocheuse dans les pierriers. Et je pense à la source de Ducros juste en dessous. Asséchée.

 

Allons, on descend. Au début c’est presque aussi pratique qu’un escalier. Mais ça se termine très très raide et je finis ma descente assez peu gracieusement en dégringolant lourdement sur le sol humide.

 


Un lierre magnifique court sur un sol en pente raide, et des arbres ont poussé, attirés vers la lumière. Fougères de différentes variétés. La température est douce dans la grotte. Sacs au sol, on ôte bonnets et vestes, et on sort les appareils photo. Puis on descend jusqu’au fond du gouffre. Je pose quelques questions sur la topographie des lieux. Pourquoi ce mur de soutènement en pierres sèches ? « Ca date des fouilles de la grotte, cette partie-là a été fouillée. »

 

En bas à droite un petit boyau : on s’engouffre là dedans. Ca monte, je n’y vois rien. Fred est quelques mètres devant moi équipé de sa lampe frontale. J’aurais dû prendre la mienne aussi, ma jolie petite lampe rose à LED offerte par Clair de Lune ne fait pas le poids, et je dois souvent en tourner la manivelle pour la recharger, ce qui fait rire Fred « C’est quoi ce bruit ? ». Pendant que je tâtonne du bout du pied, il a déjà grimpé deux mètres plus haut par un boyau sur ma droite. « Fais gaffe au fond il y a un trou plutôt profond. Et ici ça descend jusqu’à 60 mètres. Attends, écoute le petit caillou… » bing, bing, bing…

 

 « Tiens il y a un squelette d’oiseau, là. Un gros oiseau, d’ailleurs. Une poule ? Comment elle est arrivée là ? » dit Fred en riant et en brandissant un os d’une bonne dizaine de centimètres. « Tu es sûr que c’est un oiseau ? » « Ben oui les os sont creux. » « Ah bon, les oiseaux ont les os creux ? » « Oui, pour être plus légers. Avec des os pleins ils ne pourraient pas voler tu comprends. Ils seraient bien trop lourds. » Si Icare avait su ça...

 

Je sors du boyau pour retourner dans la grande salle et Fred reste perché sur son rocher. Sa lampe éclaire violemment de mon côté (Mais c’est quoi les piles de ta lampe ? Nettement plus efficace que ma manivelle et les LED) et j’admire les couleurs de la roche : gris, jaune pâle, ocre rouge, on les retrouve souvent dans les entrailles de la Sainte Baume. Des strates horizontales, des stries verticales, le temps, l’eau et le calcaire ont artistiquement décoré murs et plafond.

Le halo de lumière découpe des ombres mouvantes dans les reliefs de la roche, et je vois des formes fantastiques apparaître et disparaître.

 

Pendant que je rêvasse, Fred passe le plafond au peigne fin. Soudain il trouve ce qu’il cherchait. Une toute petite forme conique à l’aspect soyeux est accrochée la tête en bas par de délicates petites pattes. Une chauve-souris. La lampe rouge de l’appareil photo de Fred clignote. Je sors l’objectif de 300 mm et je retiens mon souffle pour ne pas bouger. La mise au point n’est pas évidente dans le noir. Pas simple non plus de viser Miss Chauve-Souris les bras en l’air, c’est plus facile de faire une macro des fougères. J’ai peur que lassée par notre mitraillage lumineux elle ne s’envole. Mais elle est patiente notre chauve-souris, ou alors elle dort très profondément. Ou alors… « Non, me dit Fred, je viens de la voir bouger »


 « Tu crois qu’il y en a d’autres ? » « Faut chercher les crottes ». Le nez rivé par terre, à l’aide de ma lampe rose, j’explore avec application.


« A ton avis, c’est une limace ou une crotte, ça ? »

Ca a bien la forme d’une limace, mais je parierais sur une crotte. On dit une "laissée" je crois. Toute sèche. Fred l’éparpille. Au contenu de leurs déjections on peut essayer de deviner de quel animal il s’agit. Là je dirais un petit mammifère carnivore, une martre. Pas à cause du contenu de la crotte, que je ne parviens pas à identifier, mais plutôt parce que la petite bête a dû déposer sa virgule perchée sur un caillou voisin, et j’ai déjà vu une martre faire ça. Mais je ne suis pas très sûre de moi, ce pourrait être une genette, ou une fouine ?

 

Un trou en bas de la paroi, avec des initiales peintes en bleu. « Ca a été dégagé, là ». La terre couleur ocre a été remuée, on dirait qu’un chien à la poursuite d’un lapin est passé par là. Fred s’accroupit et observe.

Je me demande combien de secondes il va résister avant de céder à l’envie de plonger là-dedans tête la première. Je compte jusqu'à deux. Ca y est je ne vois plus que ses pieds. Puis plus rien. « Il y a une salle ? »

« Moui, mais petite. Pas vraiment une salle ».

J’en conclus qu’on doit juste pouvoir s’y tenir assis. Peut-être pas.

 

 

Des gouttes d’eau sourdent du plafond. Je ne peux m’empêcher de toucher. Ne jamais toucher la goutte d’eau. La stalactite se constitue (N’oublions pas que les stalagMites Montent et les stalactiTes Tombent) à partir de l'infime dépôt de calcaire d'une goutte d'eau, et si on essuie la goutte d’eau, elle va mettre du temps à se reformer. En observant la stalactite par en-dessous, on aperçoit nettement le tube en formation.

 

Je regarde ma montre. Voilà une bonne heure qu’on examine, qu’on photographie, qu’on explore, et il serait temps de rentrer au Plan.  On remonte la pente humide et glissante par le petit sentier jusqu’au bas de la roche. La corde nous attend. Fred y installe une poignée, de celles qui remontent toutes seules. Il n’y a que trois mètres quasi verticaux à franchir. Je cherche mes prises d’une main, l’autre cramponnée à la poignée magique. Je vais me louper la première fois, mais je finis par grimper, assez peu académiquement j’en conviens, et j’arrive en haut sans trop de mal.



 

Dehors, Fred replie la corde soigneusement. Je marche jusqu’au bord du plateau, les couleurs d’automne ne sont plus aussi lumineuses. L’hiver, le vrai, est tout près, on le sent bien aujourd’hui. Le vent pousse les nuages à toute vitesse, et l’air a cette odeur particulière du haut des crêtes.

 

Je repense à la station photovoltaïque.

 

Et alors, on va le boucher ce trou ? Avec des gravats....

 

 

Pour plus de photos et d'autres précisions, voir le blog de Fred :

 

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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 15:30

Si un jour, il vous prend l’envie, tout comme moi, de découvrir le sentier Marcel Estruch, parcours que l’on appelle aussi « les Balcons de la Sainte Baume » prenez le temps de lire ces quelques lignes.




Le matin du vendredi 7 novembre, par un temps magnifique, je me suis dit qu’une petite randonnée me ferait du bien, de plus j’en profiterais pour faire des photos d’un coin qu’en 39 ans de résidence au Plan d’Aups je n’ai jamais parcouru. Equipé de mon appareil photo, de deux objectifs et d’un pied photo (vous verrez plus loin dans le texte l’importance de toujours avoir sur soi un pied photo) me voilà prêt !


Au départ du Paradis, un petit sentier longe le bas de la falaise, un peu en surplomb de la forêt qui s’est parée des couleurs d’automne, c’est déjà magnifique. Le marquage du sentier en pointillés jaunes est bien visible jusqu’à la moitié du parcours entre le Paradis et le chemin du Saint Pilon. Bien sûr il y a tout de même des passages périlleux, des chaînes ancrées dans la roche permettent de franchir ces difficultés sans trop de risques (mais mieux vaut ne pas souffrir de vertige, ni avoir un malaise à ce moment de la randonnée). A cet endroit, j’ai gagné en altitude, je suis à mi-hauteur de la falaise, sur ma droite des à-pics impressionnants, à gauche au dessus de moi des falaises de toute beauté, dès lors, je comprends l’appellation « Balcons de la Sainte Baume », la vue dégagée me livre un panorama splendide.

 

 


Un peu stressé par les difficultés grandissantes, j’essaie de me persuader que le plus dur est passé, que cela va aller mieux. Bien au contraire, le marquage devient plus dur à repérer, au point de m’obliger, souvent, à revenir sur mes pas pour tenter un autre itinéraire. Je surplombe, loin en bas au milieu de la forêt, la maison forestière. C’est là que le marquage à disparu, les lieux deviennent alors angoissants : des à-pics vertigineux et au-dessus des falaises infranchissables. Mais où est donc passé ce sentier ??? Rebrousser chemin… impensable, se faire prendre par la nuit sur ce tracé c’est l’accident assuré, d’autant que j’ai pu voir, avant de perdre mon chemin une plaque commémorative fixée dans la falaise qui rappelle, qu’à cet endroit, un accident mortel est survenu en 2005. Donc je persiste, espérant trouver un débouché sur les crêtes, jusqu’au point de me retrouver complètement bloqué à flanc de falaise, debout sur un arbrisseau qui ne demandait qu’à s’esquiver. Opportunément un autre arbrisseau se situait au niveau de ma tête, je m’y suis agrippé, surtout lorsqu'en me retournant j’ai pu mesurer la situation dans laquelle je me trouvais : autour de moi plus aucune prise pour m’échapper, celle par laquelle j’avais pu me hisser là s’étant effondrée… J’étais totalement bloqué avec sous mes pieds 150 à 200 m de vide, Brrrr !!! C’est à ce moment-là que j’ai trouvé une autre utilité à mon pied photo, si lourd mais si solide… Je l’ai glissé dans une faille et m’y suis accroché pour m’assurer, il m’a sans doute sauvé la vie en soulageant l’arbrisseau qui à tout moment pouvait céder sous mon poids.

 


Après dix minutes de réflexion, n’ayant pas d’autre issue, je me suis résolu à appeler les secours. Ce sont les pompiers du GRIMP qui sont venus me récupérer sur mon arbrisseau et qui m’ont hélitreuillé. C’est ainsi, juste avant la tombée de la nuit et en hélicoptère que j’ai pu finir ma randonnée, sain et sauf.

 

Je tiens à remercier tous les pompiers qui sont intervenus et tout particulièrement ceux du GRIMP qui n’hésitent pas à mettre leur vie en danger pour sauver celle des autres. Et je ne saurais oublier mon brave pied photo sacrifié, il est resté planté dans la faille.

 




Pour l’avenir : il me semble assez  peu réaliste d’interdire ce sentier, par contre finir le marquage de celui-ci et mettre juste avant la zone dangereuse un panneau informant des précautions à prendre et des risques que l’on peut encourir me parait indispensable. Informé, je n’aurais pas emprunté ce sentier seul et dans ces conditions.


Donc, mêfi… Ne faites pas comme moi, avant de vous engager sur un parcours de randonnée que vous ne connaissez pas, renseignez-vous !

 

Hervé DUCLOS




Toutes les photos ici :

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